samedi 6 avril 2002 (bis)
oui mais j'en veux encore. oui mais rien ne m'arrête, ne m'altère, me retient. je suis seule et triste infinie et perdue ? oui mais je continue. j'écrirai l'histoire du garçon aux cheveux noirs. je le ferai remonter de ma mémoire. mot par mot, comme autant de marches. j'écrirai tout le long, comme on s'endort, comme on se bat ou comme on fait l'amour. pour survivre. pour ne pas se laisser aller, se noyer trop vite. pour ne pas partir avec le reste des rêves avortés, le miroir gorgonal de la réalité, celui qui tue.
je m'en fiche si tout va trop vite. je m'en fiche si ça fait mal. je m'en fiche, et je veux ma part de souffrance, d'enfer, d'effroi, comme tout le monde. je m'en fiche je veux aller dans la vie toujours avec l'assurance folle désincarnée et brûlante de ceux qui vont mourir. qui le savent. je m'en fiche je veux vivre à ne plus savoir qu'en faire et puis mourir les yeux bien ouverts. je m'en fiche si ça va trop vite, trop fort, trop loin. je m'en fiche je veux qu'il pose ses mains à plat sur ma bouche, mes yeux, mes seins. je m'en fiche je veux être comme la mer qui avance, qui va, qui vient. qui ne s'attache à rien. celle qui engloutit tout. celle qui aime, et qui aime encore, et qui aimera toujours. celle qui monte à la tête comme le vin. je m'en fiche je veux avoir envie de mourir toutes les dix minutes, et puis, à chaque fois entre temps, trouver un moment pour l'écrire.
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