cinq points noirs en étoile sont tatoués dans sa peau, cinq points tracés au feutre pour les yeux des rayons, cinq points de fuchsine, indélébiles, en repères. Dora dit : ma carte sous-marine, ma bataille, mon secret. sur la plage blanche d’Hokitika, les feux brûlent en vigueur pour l’épreuve et le sacre des guerriers maoris. Dora se jette dans un manteau de braises fumantes et d’azalées, elle saigne ses poignets pour en peindre sa poitrine, elle déchire sa peau nue, sa peau blanche, sa peau abandonnée par la marée montante, elle s’endort dans le ventre d’une baleine décharnée. un homme frappe dans son sein l’os aiguisé et l’encre, il trace les branches vivantes de l’étoile de sa lutte, lentement. sous la nuit forte de lune de l’atoll Pacifique Dora nage dans les algues phosphorescentes et douces, elle est nourrie, de la main à la bouche, de coquillages crus et froids et d’ambre fascinant, ses veines sont plus épaisses, sa figure en lame blanche, elle va dans les hauts-fonds les yeux tendres et fermés, elle tient la peur hors d’elle - la bête se cabre sur la vague - Dora est une flèche, un filet, un animal lancé folle allure sur sa proie, elle est la mer entière, puissante et matricielle, redoutable, la matière même du rêve et de l’échappée belle, elle est la main sans peur des fils de Maui, celle qui abat.

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