journal d'O.

rouge et or pour l'été

dans le train j'ai voulu mourir de vitesse. l'eau de la marne était lourde et superbe. j'avais envie de tout plaquer. prendre les aurores douces, les ferries, les routes dures et qui fendent les forêts. tout à l'heure dans le bus le chauffeur n'en revenait pas, Hélène et sa dégaine superbe d'auto-stoppeuse anglaise (je me comprends) et moi qui exultais. je veux les types étranges qui vivent des vies lointaines, qui rêvent de moi peut être, qui me coucheront sereine dans leurs coeurs et leurs lits. je veux les fleurs immenses, la brise comme une caresse, le goût fort des épices et puis je veux écrire, abîmer mes mains d'encre, embrasser les sourires, revoir la mer très loin, suivre les fleuves lourds, altiers, aux chemins de hâlage qui s'en vont dans la nuit comme des rêves incertains, s'effacer aux frontières, se griser au secret, s'oublier à la vie et puis recommencer...

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