l'immédiate
journal d'O.

 

 

rideaux rouges

08.10.03

j'ai caché mon coeur triste dans les rideaux rouges d'Aure. la chaudière ronronnait. il y avait de l'encens, de vieux disques des Beatles, et un petit chien blanc qui jouait avec mes pieds. les filles riaient. j'ai dit que je ne me marierai jamais. elles ont parié sur un anglais. j'avais tout le temps envie de pleurer. dans la grande salle de bain les corbeilles à linge étaient posées sur la table à repasser. Aure avait punaisé des photos sur un panneau en liège. il y avait des fleurs dans la chambre. ça n'était pas une maison de célibataire. les filles qui vivent toutes seules construisent déjà la maison du futur. tout entre ces quatre murs, l'épaisseur folle des rideaux rouges, appelait la venue d'un homme, d'un enfant. j'ai dormi d'un sommeil de plomb. dans mes rêves le garçon aux cheveux noirs tenait ma nuque de ses deux mains de peur qu'elle ne se brise sous le poids du chagrin.

 

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