l'immédiate
journal d'O.

 

 

strangulation blues

09.09.03

tous les soirs à cinq heures au sortir du lycée il y avait son visage dans la foule des trottoirs, ses mains aux miennes très vite et il tournait les yeux en me tendant une lettre, il m'embrassait doucement pour me dire aurevoir, sur la joue presque dans les cheveux avec les lèvres douces qui m'électrisaient, je faisais mes yeux noirs, son amour m'effrayait. je rentrais dans la nuit et l'hiver mélangés. je rangeais toutes ses lettres dans des cartons à chaussure, sans les lire quelques fois, sans y répondre jamais. le week-end dans les fêtes je dansais yeux fermés et il me regardait. j'étais fière folle et triste, je ne savais rien de mon coeur, je jouais avec ses mains comme avec mes humeurs, un petit chat qui casse la nuque d'un mulot et le regarde se débattre dans ses pattes. il ne disait rien. il écrivait encore, tous les soirs, toutes les lettres, sans rancoeur. je disais que je m'en fichais. je l'attendais dans les visages. je touchais son épaule. je cherchais ses amis pour qu'ils me parlent de lui. toute ma peau me brûlait. et je l'aimais sans doute, et je ne le savais pas.

 

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