l'immédiate
journal d'O.
Christchurch, Nouvelle-Zélande

 

 

sprezzatura

21.12.04

la pluie douce, long chant pâle, l'eau glissante et brillante sur les pierres, les lavandes, les bras offerts des palmes sous mes fenêtres, le ruissellement calme et l'odeur de la terre, immense, le visage plein des fleurs, l'arc-en-ciel vers la mer - je lis à l'abri du porche, j'écoute des disques de bossa nova, je sens la douceur de la pluie qui roule, qui trouve son chemin jusque sous ma peau, allant, venant, lavant mon coeur fatigué, mes mains et mes paupières, creusant l'oubli encore pour ne garder en moi que le noyau brillant, noir et brûlant des choses, affûtant mes rivières intérieures comme des rêves, ou des lames, à la pierre solide du souvenir, et ramenant dans le sang l'enthousiasme divin, la force et la tendresse, coeur penché aux fenêtres, amitiés électives et éternelles, desinvoltura, sprezzatura, jettatura même à mes heures pour une proie de passage, par jeu, par poétique, prétendant n'avoir besoin de personne et pourtant nourrie seule du monde, passionnément - la pluie douce, tendre présence d'eau dans la nuit, l'air est une foule que je fends sans effort.

 

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