l'immédiate
journal d'O.
Hanmer, Nouvelle-Zélande

 

 

courants souterrains

29.12.04

l'incommensurable repos. il n'y a plus d'angoisse. il n'y a plus de fatigue. le rêve lave la nuit de l'eau pâle et puissante des rivières. ton visage ressurgit et ne me quitte plus. il y a une telle évidence à aller dans les bois, la lumière et l'air chaud qu'il me semble souvent avoir vécu ici une autre enfance heureuse. j'écris allongée sur le parquet, je m'étonne d'écrire dans cette langue étrangère qu'est aussi le français, de continuer à écrire en français alors que je parle, que je pense, que je rêve et j'avance en anglais toute la journée, librement, voluptueusement, je sais pourtant qu'au-delà de toutes les langues, au-delà du français comme langue natale ce qui demeure en moi c'est ma langue propre, langue du songe, du désir, des images, ma langue du fond du corps qui se jette en avant et me déborde toujours, sur le papier, dans tous les réceptacles qu'elle trouve à sa portée, une langue-rivière nourrie de toutes les sources, charriant toutes les pierres, emmenant avec elle tout ce qu'elle peut du monde, indécise sur son but, insolente et changeante, fidèle seulement aux courants souterrains qui avancent en son sein.

 

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