l'immédiate
journal d'O. à Tokyo

 

 

lettre à Marie

25.02.04

une adolescence douce, bien cachée sous la peau, avec toutes ces rivières qui déjà nous prenaient, qui surgissaient parfois pour une ville, un amour, et nous étourdissaient - à un moment, jetées dans le monde comme du bord d'une falaise, la chute nous a semblé belle - l'allure, c'est cela seul qui nous importe, et connaître l'absolu : on ne demande rien, on désire tout et plus, de cette même chair vivace on se reconnaît dans les soirées l'été, dans les paroles des autres, c'est à ça qu'on s'attache et à notre amitié, du haut des balustrades et nos coeurs arrachés pour des types aux yeux pâles, des enfants tout-puissants, nos amants du secret s'appellent Raphaël, Antoine, ou Volodia, et leurs voix nous entraînent ou bien sommes nous déjà là-bas, dans le rêve, dans les livres, dans leurs bras en spirale, l'ivresse de la chute seule n'a pas d'égale.

 

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