l'immédiate
journal d'O. à Tokyo

 

 

jet-lag

12.01.04

j'écris Tokyo sans cesse comme je le ferai d'un amour - avec les yeux mi-clos, l'ivresse et la douceur. c'est un long rêve qui va le matin dans l'eau claire des rues et des visages, du même pas que la foule qui pourtant me dépasse, encore dans les trains verts sur la Yamanote je suis là dans l'élan et pourtant différente, de ma peau, de mes yeux toujours autre, étrangère, à l'encontre dirait-on, ces regards que j'attire et ces autres qui se baissent, on ne me touchera pas, on ne me parlera pas, on sourira à peine et toujours les yeux bas, je suis habillée comme elles pourtant, manteau noir, talons hauts, sac à main et foulard, de dos on ne saurait pas s'il n'y avait pas ces cheveux lourds d'or brun dans le soleil, ce balancement des hanches plus marqué, féminin, une manière d'être au monde qui de suite me trahit, dans la foule la plus dense je ne me fonds jamais, au coeur même de la ville je n'appartiens jamais, il y a un jeu à jouer qui n'est pas le plus facile, qu'il faut pourtant accepter : être là dans la ville comme on est dans la vie, dans l'amour, le langage - toujours très solitaire, et toujours décalé.

 

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