l'immédiate
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planting
seeds for distant dreams
17.06.04 c'est une longue promenade qui va reprendre bientôt, brûlante et nécessaire, sur les bords rouges de la faille première, ma plus belle fracture intérieure, ma faiblesse, ma force aussi, la plaie merveilleuse qui me dévore depuis toujours. les villes s'annoncent à nouveau comme des rêves, des images immenses sous les paupières. les langues se pressent dans ma poitrine. dans ma peau quelque chose palpite qui ne palpite qu'à folle allure. je vais repartir bientôt - la nécessité intérieure est là - je joue avec les destinations mais Nicky vient s'asseoir près de moi et dans ses yeux liquides je crois que je la vois déjà, l'île lointaine et volcanique, la roche et la mer mélangées où coucher toute ma peau. c'est un peu comme un rêve, c'est l'espace, le silence. les bateaux balançants. les plages blanches. la couleur neuve du couchant. je me fous des clichés de cartes postales, c'est la lumière, c'est la couleur, c'est l'eau battante des vagues sur mon visage que je veux, c'est l'ivresse, le danger étonnant de la nouveauté et de la solitude, c'est l'amitié découverte comme au premier jour sur les quais, dans les bars, les voix et les guitares, le midi en coup de sang jusqu'à la voiture, foulard, lunettes de soleil, du café bien noir dans une bouteille-thermos, des cassettes et des livres sur la banquette arrière. je la désire de toute ma peau, l'éternelle illusion de l'étranger et puis je veux sa sève secrète, la quotidienneté d'une ville inconnue, oubliée, les accents de sa langue, les racines qui la tiennent, je veux tomber amoureuse mille fois pour mille détails futiles, une façon de se tenir, de parler, l'émotion pure d'un simple geste, les yeux d'ombre d'un garçon qu'il me semblera reconnaître du rêve ou du délire, je veux les forêts, les animaux, l'air devenu rare et douloureux des montagnes, le vertige infini des vallées et des villes, tous les corps, toutes les langues, jusqu'au dégoût, jusqu'à l'épuisement.
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