l'immédiate
journal d'O.

 

 

bloc d'abîme dans la mare

26.10.04

brun volubile et poseur, l'ami de S, qui parle avec tous les accents, tous les tics de langage de sa caste de parisien branchouille, émouvant pourtant, de toute la tristesse immense qui le déborde sans arrêt, qui affleure à ses yeux - bon, voilà, c'est tout - on dîne dans une rue pleine de monde, on s'imagine être légers, comme à chaque fois qu'il me voit l'ami de S me chuchote qu'il faut absolument qu'il me présente son meilleur ami, descendant direct du marquis de Sade, je mors mes lèvres pour ne pas rire et puis plus fort encore lorsque cette fille vaguement bohême qui vient juste d'arriver s'exclame : mais Sade, c'est dégoûtant ! j'attends le moment où L va étendre ses jambes tranquillement, et jeter encore un bloc d'abîme dans la mare, plutôt que cela elle se lève, nous sortons dans la pluie, nous marchons bras serrés, et puis tout nous amuse, tout nous distrait, buvant de la sangria avec quatre impeccables néo-zélandais dans l'accent desquels je devine mille souvenirs, mille couleurs par avance, tout s'enchaîne parfaitement, tout va suivant le courant, jusqu'à la nuit de givre qui marche sur nos pas - je commence à compter mes derniers jours de froid.

 

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