l'immédiate
journal d'O.

 

 

explosants-itinérants

28.10.04

plein coeur de la fête, éclats de voix dans les couloirs, odeur chaude des pâtisseries sorties du four et verres qu'on trinque fort et vide d'un coup, à la catalane - je parle à P du départ, la seule personne qui sache vraiment c'est lui, je fonds en larmes dans ses bras. nous sommes les passionnés, nous sommes les errances vives, les enfants au coeur gouffre et qui cherchent la couleur, qui exigent la lumière, qui veulent la mer entière et puis la boiront toute, jusqu'à la lie, l'improbable antidote à l'impossible poison - comme nous sommes ignorants, comme nous sommes innocents - nous sommes les silhouettes, les ombres tendres de la nuit qui s'effacent au matin, nous sommes les étrangers, étrangers à nous-mêmes et jusque dans la toujours surprenante prégnance folle de nos gestes, jusque dans nos langues les mieux connues, jusque dans nos mots, nos amours, nous sommes les explosants, itinérants lointains aux lignes seules de nos mains, emportés en avant par nos peaux grandes ouvertes, offertes comme des voiles, plein vent dans notre devenir, chacun sa route et tous nos chemins parallèles, nous sommes de la même sève secrète qui est celle de la terre, des fleuves et des étoiles, nous nous reconnaissons de loin en loin comme des soeurs et des frères, animaux du même clan, tribu sans règles et sans frontières, langue secrète sans faille dans le silence, et le repos, l'unique repos, est là parfois dans le refuge infini de nos bras.

 

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