l'immédiate
journal d'O.
Christchurch, Nouvelle-Zélande

 

 

mon piège préféré

20.01.05

mille fois j'avais traversé le grand carrefour de Shibuya dans la foule dense, fermant les yeux, suivant le flot, mille fois j'avais rêvé la rencontre impossible - et puis un jour il était là, comme s'il m'attendait, d'ailleurs il m'attendait - David, mon piège préféré, piège ultime de la ville en poème, ville tant aimée, ma ville du bout du monde, la seule peut être et puis qui nous jetait ensemble dans les typhons de pluie chaude, rues spirales, foules puissantes, mon coeur accroché très vite à tes yeux bleus et bruns, à ta voix, ton accent, cette justesse dans ton langage et jusqu'à cette drôle de tristesse que tu traînais sans cesse comme les coeurs après toi, ton exil volontaire - nous étions de la même chair, du même amour flamboyant et illusoire de l'inconnu, protégés secrets des grandes villes, passionnés d'abord de nos errances - nous allions de continent en continent, à même allure, tranquillement, à Paris la ville se posait entre nous, tu fuyais à Oslo, je prenais des trains bondés et heureux vers le Sud - dix jours avant mon départ pour la Nouvelle-Zélande tu m'annonçais ton retour à Melbourne, toujours nous avancions du même pas - et tu es là, maintenant, en ton domaine d'enfance de l'autre côté d'une mer qui n'est qu'un beau détail, et tu me demandes de venir ?

 

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