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mardi 8 janvier 2002 les filles du 6ème arrondissement ont toujours de jolies jambes (bis)
nous avons marché toute la journée dans les rues froides de
paris. sixième arrondissement exclusivement. il y avait un ciel blanc en lambeaux,
j'allais avec ce léger balancement des hanches qu'ont toutes ces filles qui portent des
talons. elles croisent les jambes, elles jouent les poupées, elles sentent le vent contre
leurs jambes et tant pis si c'est futile, tant mieux si c'est coquet, - elles sont bien,
elles sont vivantes, elles sont plus jolies que toutes les filles qui naviguent au radar
sur fashion tv, elles vont dans paris les jambes nues, des héroïnes à la Truffaut quoi,
leurs jambes sont des compas et caetera, elles vont dans paris elles sont seulement
heureuses de ça : avoir vingt ans les jambes au vent dans une ville froide, et grise, et
triste, et qui n'a pas de sens sans la direction folle de leurs milliers de pas.
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il m'entraîne partout, il pourrait me traîner
jusqu'au bout du monde comme ça. ceci dit je ne prends pas trop de risques, avec lui le
bout du monde s'arrête à la frontière du sixième arrondissement. il cite cioran et il
s'arrête devant la librairie érotique rue crébillon et je l'embrasse tout d'un coup et
une fille nous regarde, abasourdie, alors que nous continuons de marcher tranquillement en
chantant les parapluies de cherbourg. de temps en temps je soupire, je pense à cette
phrase d'un roman d'éric neuhoff : elle fermait les yeux très fort en croquant dans
des grains de raisin. moi je ferme les yeux très fort en croquant dans les macarons
amarylis de gérard mulot. je ne sais pas qui a dit que la vie n'était pas un roman, mais
c'était un idiot. sur le boulevard saint-germain, il y a un café qui s'appelle le
Rouquet et dix mètres plus loin un autre qui s'appelle le Bismuth. je lui dis que quand
j'étais au collège, il y avait dans ma classe un garçon qui s'appelait Fabrice Rouquet,
et une fille qui s'appelait Melinda Bismuth. ils ne s'entendaient pas du tout, ils
n'auraient pas du tout apprécié de vivre à dix mètres l'un de l'autre comme ça. je me
sens d'humeur à dire des tas de bêtises. au musée d'orsay quelques minutes plus tard,
il y a la couleur, la finesse, la folie, la galatée de moreau, l'origine du monde de
courbet, van gogh et son visage déconstruit, je ne dis plus un mot, je l'écoute, je me
tais et je le suis. le soir, l'envie terrible de
t'appeler et te dire ça, que tous les romans que tu n'écris pas, je les vivrai comme
ça, dans le vent froid de paris, les jambes nues, à ton bras, avec toi.
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