vendredi 8 mars 2002
il y a des fleurs rouges sur le bureau, qui s'émiettent
doucement, pétale par pétale. les milliers de petits papiers
serrés dans les corolles qui devraient tomber alors qu'elles s'ouvrent.
c'est difficile d'écrire, le soir, quand ton corps est partout
qui ne m'appartient plus. je rêve. je rêve que je m'en vais
très loin, dans des pays de neige où rien ne me retient.
je m'y baigne longuement, dans des baignoires à pattes de lion.
je lis, j'écris, je vais dans les rues seule et sans boussole.
j'ai peur, un peu, mais j'ai confiance aussi, et je retrouve toujours
mon chemin depuis qu'il n'est plus le tien. c'est difficile d'écrire,
le soir, parce que le soir est triste. je m'allonge sur le lit blanc,
je rêve. je rêve que je m'enfuis, très loin, loin de
paris. j'achète des fleurs rouges que je pose sur mon bureau. elles
m'appellent. les fleurs m'appellent et me disent : veux-tu bien écrire
encore. je leur ris au nez. je leur ris au nez mais rien ne tombe des
corolles ouvertes, rien ne vient de ce que j'attends. les fleurs vont
mourir. je n'aurais pas écrit. suffit ! je m'en vais. je veux vivre.
je veux que les choses me soient à nouveau douces et sereines.
je sais que moi seule à nouveau pourrai me rendre forte et souveraine.
c'est difficile d'écrire, le soir, mais j'y arriverai, parce que
je suis toute seule, toute seule désormais. je pense au film de
truffaut, domicile conjugal : kyoko aime antoine. kyoko aime antoine.
kyoko aime antoine.
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