toute la journée j'ai gardé dans ma poche le
souvenir de ce rêve. j'étais très fatiguée, j'avais envie de pleurer. tromper
l'absence, construire des mots sur le silence. j'ai lu des bouts de Melville, de quai
ouest de Koltès. j'avais mal à la tête. la douleur intérieure, la peur panique du
mal pour l'autre. ce sentiment superstitieux, idiot et pourtant bien présent, ce reste du
rêve que l'on sent si vivant, comme une annonce, un avertissement. je n'y crois pas,
pourtant. je refuse d'y croire. catégoriquement. ...
quand j'ai peur (une peur sourde, panique, une peur de petite
fille), il n'y a que lui qui puisse venir. m'entourer de ses mots. m'habiller, me
réchauffer, d'un voile, d'un châle. quand j'ai peur (une peur sourde) il n'y a plus que
ça qui importe, la chanson, ma chanson, telle que le vent l'a soufflée dans la
rue du dragon.
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