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05-09-01, bis

dire des histoires

elle est assise à la table d'un café. elle lève la main vers le garçon en tablier blanc. elle veut un café bien noir. il aquiesce. lui apporte l'expresso sur un plateau. s'éloigne. la regarde de loin. elle est belle. terriblement belle. elle porte la tasse à ses lèvres comme au ralenti. elle se dit, parfois la vie ressemble à un film muet en noir et blanc des années vingt.

...

tu dis que tu t'en fiches mais je sais bien que ça n'est pas vrai. tu n'as pas oublié. tu n'as rien oublié. on n'efface pas comme ça dix ans de sa vie du revers de la main. même si lorsque tu venais à moi avec ces yeux tristes et enfantins, je t'effaçais de mon monde sans même daigner lever ne serait-ce qu'un seul doigt. j'étais jeune. je sais, ça n'excuse rien.

des images que j'ai dans la tête. les bogues de châtaignes à l'automne. une japonaise très belle qui boit un café au ralenti dans un film. la présence infinie du livre que tient putzulu dans le train (dernière séquence de l'éloge de l'amour). la première fois que j'ai été chez A. sa bouche qui me tourmentait bien plus que je n'aurais voulu me l'avouer. assise sur le rebord de la fenêtre de L un soir de juin, sur le point de tomber, et ça m'était égal. le grillage de la cour de l'école primaire. les bougies à la cannelle du 14707 Walmer Street. mes élucubrations sur freud sur le pont des arts. la manière dont il tient son verre. quand il m'appelait "sa dormeuse au lit rouge". quand il avait dans les yeux tout ce qu'il ne voulait pas me dire. quand il était à portée de bras...

fin d'un poème qui n'existe que pour ça, qui n'existe que pour toi : une rencontre à l'aveuglette, une attente, des bougies le long du chemin, des mots aussi, l'extraordinaire emportement de l'intérieur :
et si tu viens, ce sera oui.

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