l'immédiate

journal d'O.

mercredi 27 novembre 2002

le soir dans un restaurant chinois avec Hélène, je prends donc comme Maggie Cheung : des nouilles sautées, puis le serveur très doux très timide nous offre le café, les petites papillottes d'abord sur le bord de la tasse et puis par poignées, et très vite une brassée de cacahuètes dans leurs coquilles, des bonbons et même des cigarettes, le restaurant est vide et on dirait qu'il ne sait pas comment nous remercier d'être là, de prendre un peu de notre temps pour être là et puis parler, remplir le vide de la salle blanche, ou bien peut être sent-il la tristesse diffuse qui nous habite ce soir, qui nous habite peut être toujours, cette tristesse douce et qui s'éteint dans l'écriture parfois ou la couleur, tout à l'heure errant dans les couloirs du Louvre je n'en pouvais plus de cette fatigue et de cette foule, je marchais suivant la ligne brune des lattes du parquet et toujours le parfum de votre corps était enfoui en ma poitrine, toujours le bleu-gris étrange de vos yeux bordés de cils comme ceux d'une fille, je cherchais un refuge et le trouvais parfois dans les grands plis rouges, épais, des robes de velours des femmes de Van Eyck, ou la bouche entr'ouverte d'une voluptueuse statue grecque.

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