l'immédiate

journal d'O.


jeudi 10 avril 2003

le long du canal saint-martin j'ai senti de très loin venir la pluie dans l'air. j'avais des courses à faire. j'ai pris le métro très vite pour ne pas rater l'orage. les grosses gouttes noires commençaient à tomber quand je suis arrivée sur l'île de la Cité. elles mouillaient mes cheveux. penchée sur les ponts je regardais la Seine luisante et paresseuse. j'ai acheté un parapluie dans une boutique à touristes, la boutique était pleine d'anglais qui cherchaient un abri, le vendeur voulait que je reste aussi, j'ai dit vous êtes fou vous, c'est le meilleur moment. je suis sortie dans une ville déserte. les boulevards étaient vides, j'étais folle de bonheur, les essuie-glaces des voitures tous battaient la même mesure. le soleil tombait du bord du ciel sur les toits et le miroir gris des flaques. toute la mélancolie d'un coup était lavée, emportée par le vent et puis cette euphorie nouvelle, une euphorie d'enfant, aller dans la ville vide et brillante, le vent glacé sur la peau, l'odeur montant des massifs de fleurs, odeur lourde, folle, prégnante, les lilas de ma mémoire débordant à nouveau de couleur.

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