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l'immédiate
journal d'O. |
mercredi 12 février 2003 une à une les fenêtres d'en face s'allument alors que le soir tombe et puis que vous rassemblez vos affaires, prêt à partir. je resterais des heures à regarder les gens vivre par l'encadrement de ces petits carrés de verre. ils sont des silhouettes distantes que je ne connaîtrai jamais. quelles raisons à la vie ont-ils, quels fils de marionnettes ? ils auront toujours, dans la manière d'ouvrir leurs fenêtres au soleil, errer en filigrane dans les pièces ou laisser la lumière allumée toute la nuit, des désirs et des secrets que je partagerai par fragments, et qui pourtant me resteront cachés. eux de même me regarderont passer dans la cour avec mes fleurs et mes bouquins, toujours coiffée et maquillée, faisant claquer mes talons sur les pavés, l'été sur mon balcon on me verra dans ma chaise longue siroter du thé à la menthe dans des petits verres dorés, on dira des choses sur ceci et cela, la musique que j'écoute, les hommes que je reçois, madame untelle à qui je n'ai pas dit bonjour dans la cour, monsieur machin qui m'aime bien, et nous habiterons en face des siècles et des années, et toujours nous resterons étrangers. |