l'immédiate

journal d'O.

mercredi 19 février 2003

dans le bus je reste fascinée par la vie des autres qui défile derrière les vitres. j'ai la peau blanche comme la mort, l'air hébété de la fille qui a décidé de ne plus jamais dormir tant qu'elle n'aura pas lu tout Antonin Artaud. la lumière me brûle les yeux. je vais lascive infinie enivrée de ma propre peau. en sortant le type de la RATP m'a chuchoté avec un air salace qu'il me trouvait très à son goût, j'avais les yeux rivés à l'écusson de son uniforme, l'écusson qui disait en grosses lettres blanches sécurisation, depuis quand emploie-t-on un tel mot, sécurisation ? j'ai éclaté de rire. rue de rivoli les policiers chargés de la circulation faisaient de grands moulinets avec un air sérieux. leurs vestes à carreaux jaunes leur donnaient un air australien. je me suis sentie très fatiguée soudain. j'ai quand même raccompagné Lina jusqu'à Ulm. il y avait des types dans les couloirs de Normale Sup qui se promenaient en costumes de centurions romains. quelque chose dans le rouge grenat de leurs capes me donnait la nausée.

je dis à H : quelquefois je me sens comme Nicole Diver dans la salle de bain.

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