l'immédiate

journal d'O.


samedi 22 février 2003

et puis il faudra qu'il vienne sans rien dire.
j'aime les garçons qui parlent peu.
j'aime les garçons quand enfants tout au fond de leurs yeux ils abandonnent ce qui leur reste de langage comme on abandonne la fuite, ou le jeu,
ils abandonnent le langage à la vie, à la mort, à tout ce qui n'a pas voulu d'eux.

tout me fatigue et tout m'enchante.

on ira silencieux dans la nuit les forêts et la mer, vers le nord dans des trains vides qui sentent le tabac froid et la poussière, vers le nord chercher l'opacité blanche de la lumière, celle qui vrille les yeux.

tu prendras la chaleur au fond de ma poitrine, mon coeur amorcé comme une bombe. toujours la vie m'enivre, la vie d'ailleurs, celle qui reste à venir, la vie qui pourrait enfin être autre chose que cet amoncellement de mots et de choses qui ne se rejoignent jamais.

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