l'immédiate

journal d'O.


lundi 24 février 2003

qu'est-ce qui me prend soudain, quelque chose dans votre attitude qui m'a blessée peut être, ou bien j'attendais la première occasion pour sortir les griffes, c'est possible, c'est probable, je joue beaucoup, je perds presque aussi souvent.

je fais mon cinéma.

assise dans mon peignoir blanc sur le bord du lit je ne ferai pas un geste vers vous, pas un sourire, pas un effort, - j'en ai assez, assez, la vérité c'est que ça m'est égal au fond, la vérité c'est que toute tristesse est galvaudée, toute écriture est un mensonge, tout langage une mise en scène affreuse de son propre pouvoir. je pleure de douleur et déjà la douleur est ailleurs, lointaine, extérieure, je la regarde comme on regarde de derrière la caméra, en pensant au cadrage, à la lumière, et ces mots durs que je vous jette au visage ne sont pas vraiment pour vous, je m'en excuse, ils sont part intégrante d'un scénario qui me dépasse, d'une expérience que je ferais, un peu comme si je tentais le diable toujours, s'il fallait en passer par le pire pour tester votre amour.

vous silencieux souriant très doux et très confiant (vous êtes meurtri, pourtant), vous ne dites jamais rien, vous ne me reprochez jamais rien, vous abordez à mon sein et recevez sans un mot ma tristesse, ma passion, ma méchanceté et mes remords, tout en vrac, tout venant se bousculant jaillissant comme un flot furieux par les brèches ouvertes du coeur, quand je ne sais plus rien, quand je ne sens plus rien, et saborde le navire.

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