l'immédiate

journal d'O.

lundi 27 janvier 2003

c'est difficile d'écrire sur les jours heureux, parce que tout semble à la fois source et réceptacle de bonheur, parfois jusqu'à l'excès, les lettres de mon grand-père, la foule bruissante de voix, l'après-midi très doux et puis je pense à vous. il y a quelque chose dans ces heures-là de la lumière très claire et qui prend tout le visage, la flaque de soleil dans les yeux, la bouche, une lente coulée vers le ventre et le coeur. je me souviens soudain des matins ravageurs quand mes dernières semaines dans la maison de Walmer St étaient comptées, et je tirais mon lit sous les fenêtres pour prendre toujours tout ce que je pouvais de lumière et d'été, je n'en pouvais plus et je n'en avais jamais assez de cet air épais du Kansas et coulant dans la gorge, cet air brûlant qui me donnait un corps, chaque geste alors semblait ouvrir l'espace sur son passage. j'allais folle, éberluée. la lumière et ma peau m'enivraient. je remuais mes mains devant mes yeux et m'étonnais perpétuellement de leur mouvement.

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