l'immédiate

journal d'O.

rouge et or pour l'été

 

jeudi 24 juillet 2003

et puis voguant lascive dans la cour il me prenait le bras, je retenais mon souffle, la nuit même s'éloignait. j'aimais ses yeux miroirs, son silence sans attente, dans la désinvolture cette attitude lointaine de petit garçon colérique et soucieux. on était du même bord. je le reconnaissais. on marchait dans la nuit. il ne me regardait pas, me regardait quand même, soudain j'étais très belle. je pensais à la mer, et je pensais à Joyce - ça l'aurait bien fait rire, s'il avait su alors - ce passage d'un livre je ne sais plus lequel, mais pas l'Ulysse, où Stephen Dedalus sur le bord de la plage, gazing out to sea, entrait dans la splendeur. le corps lointain d'une fille, fin comme une gorge d'oiseau, lui venait jusqu'au coeur et le monde brusquement semblait enfin faire sens, apparaître évidence. l'épiphanie - le moment de la révélation, un voile très fin qui découvrirait le réel. l'épiphanie - longtemps j'avais repensé à cela. épicentre de la rencontre. noyau dur du rêve, de l'amour et de la littérature. l'épiphanie - certaines aubes claires comme certaines écritures, un succédané de mélancolie et de lucidité pure, un homme qui vous regarde et vous désire, entière.

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