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l'immédiate
journal d'O. |
lundi 26 mai 2003 à un moment, le front bas aux fenêtres et les yeux dans la pluie, j'ai rêvé à nouveau la grande maison de pierre dans les chemins boisés. la maison pour les rêves et puis pour les enfants. silencieuse et mouvante dans la pierre des anciens. le vent y pleure l'hiver dans tous les conduits de cheminée. il bouleverse la cendre et les tisons éteints. je ferme les volets au tout dernier moment. la lumière s'en vient poindre rouge sur les sommets. les aubes claires et les cloches de montagne seules règlent mon sommeil. herbe verte et piquante des grands prés. foin blond, fruits trop mûrs qui coulent entre les doigts. l'enfance réinventée au lointain. je me souviens des marais salants blancs, de l'île de Ré à la Noël, je me souviens des Alpes douces et des Cévennes. toute la vie et tout l'été les hortensias fleuriront fort du bleu sec des ardoises. on s'allongera dans l'herbe pour compter les étoiles. on jouera comme avant, dans les maisons d'été, les maisons de famille, le grand jardin au fond duquel coule la rivière, l'ombre fraîche du passé, nos rêves éparpillés. toutes les maisons de l'enfance sont celles qui me tiennent debout de l'intérieur. |