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l'immédiate
journal d'O. |
lundi 10 mars 2003 jazz and gin. je lis Bataille, Leiris, Fitzgerald. L m'entraîne loin de l'angoisse dans les toutes petites rues derrière le Luxembourg. on se tient fort la main. les rues sont vides et sans soucis. dessous dans les caves voûtées enfumées pleines de nuit il y a la musique et il y a les visages - un jeune anglais très beau et maniéré, une fille en chemisier les yeux laqués de noir, M qui est là ce soir comme d'autres en permission quand ils sont dans l'armée : à défaut d'uniforme elle a les yeux cernés de la khâgne. je fends la foule comme un seul corps. je glisse dans les profonds fauteuils rouges des alcôves. L fatiguée s'assoit sur mes genoux. ses résilles laissent des traces étranges sur mes jambes. M nous regarde pencher la tête en arrière du même mouvement. elle rit. elle nous appelle ses femmes baudelairiennes. |