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l'immédiate
journal d'O. |
samedi 22 mars 2003 ridicules et sublimes, les petits couples très sages sous l'ombre verte des arbres du Luco - je dis à H : vite, une photo, le début d'un film, mon dieu ils s'embrassent, ils y croient ! je dis aussi : si un jour je fais un film (quelle idée), à la fin, en générique tu vois, il y aura Vian chanté par Reggiani : je voudrais pas crever, avant d'avoir connu les chiens noirs du mexique, qui dorment sans rêver... le parc est noir de monde, on lit le journal tranquillement, ah tiens encore des bombes sur bagdad, la viande cuit au soleil, et puis c'est l'heure du goûter des enfants. mon dieu, dis-je à H en traversant la pelouse au nez des gardes en faction devant le Sénat, mais c'est un acte révolutionnaire que nous faisons là ! je ne supporte plus - la bienséance commune d'être triste pour la guerre, les journaux qui nous assassinent à coup de n'importe quoi sous prétexte qu'il se passe quelque chose d'important, le Spectacle permanent - H explique à son ami allemand que je suis très désinvolte aujourd'hui, moi pendant qu'on dépasse le lycée Montaigne je lui parle de La maman et la putain, je me sens comme vidée de mon sang soudain - bon. |