l'immédiate
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mes nuits chez K. 16.11.03 la nuit les quartiers calmes et bourgeois de Paris ressemblent à des villes de province, volets fermés sur les secrets de famille, et l'on s'imagine venir ici faire son marché au matin un peu comme en vacances, les dalles pavées des rues piétonnes au sortir de la station Villiers, tous ces étalages de couleurs, de bienséance, les cloches de l'église et le reste, marmaille en chaussettes blanches. à deux heures du matin les voisins sont venus sonner chez K avec un plateau de coupes de champagne, j'en avais un peu ma claque de la soupe miso bio et du café de commerce équitable, j'ai filé jusque dans le grand appartement tout noir de monde, un monde chaud et serré et qui tanguait tranquille - des tas de types très beaux : s'il y avait des filles, je ne les ai pas vues. K faisait sa farouche, j'étais d'humeur badine, quand on gratte le vernis on est souvent surpris - plusieurs des types revenaient du FSE, ils avaient des projets, des idées et du coeur sous leurs airs de banquiers. je suis sortie sur la terrasse. je rêvais dans ma ville. tout scintillait et tout bruissait du début de l'hiver, la fumée à la bouche, les mains froides dans d'autres mains qu'on rassure et embrasse, mon domaine fort du coeur. un type m'a rejoint avec une veste, pour me couvrir, j'ai crié tout d'un coup, je jubilais de joie : oh, j'ai dit d'une toute petite voix de toute petite fille, la tour Eiffel tout près dans la brume froide, j'avais complètement oublié que ça existait.
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