l'immédiate
journal d'O.

 

 

la parole

02.10.03

dans la voiture avec mon père, filant sous les arcades secrètes des sous-bois, surgissant soudain dans la lumière puis replongeant dans le vert clair des prés, des forêts, dansant avec le vent. on écoute la radio, l'émisssion de Mermet, et puis cela me semble une évidence soudain comme la radio ne devrait servir qu'à ça, laisser les gens parler, leur donner la parole, aux femmes dans leur maison qui gardent leurs enfants, aux hommes dans les usines, aux profs dans les lycées, aux caissières, aux malades, aux infirmières qui voient passer la mort en blanc dans les tuyaux et les couloirs des hôpitaux, aux vendeurs aux mains froides des marchés du matin, aux petits à l'école, aux vieux qui jouent aux cartes, aux étrangers qui marchent contre le vent place du trocadéro pour voir la tour eiffel, aux gamines en tutu le soir en cours de danse, aux types qui font leur valise pour ailleurs ou nulle part, aux femmes qui souffrent en couches, à ceux qui veulent mourir, à ceux qui veulent y croire, à ceux qui sont heureux et puis qui ne le savent pas, aux gens dans les pays qui parlent mille langues superbes que l'on n'imagine pas, aux gens là dans la vie, partout, qui marchent dans les rues et qui marchent dans les chemins, qui naviguent sur les mers, qui prennent des avions, des trolleybus, des trains, aux gens qui font des films des disques ou bien qui font l'amour, les gens de partout qui attendent toujours qu'on les écoutent enfin, comme ma petite voisine qui parle seule à son chien, comme la gardienne de l'immeuble qui fait signe le matin, comme le chauffeur du 47 qui fait l'hôtesse de l'air, comme la femme du marché qui me parle de son pays l'Algérie et puis ses yeux s'allument...

 

avant - après
index - journal
ego -
archives -

© 1999-2006