l'immédiate
journal d'O.

 

 

insaisissable

03.10.03

insaissisable disait-il et j'en faisais ma signature, la seule ligne jamais qu'on lira dans ma paume, insaisissable encore je m'en vais au matin. tu suivais de tes mains le contour de mon corps, tu ne me touchais pas, quel étrange fantôme es-tu donc ? - je disais : je ne sais pas, je ne sais rien, je m'en vais au matin. allongée dans mes robes les cheveux en cascade sur l'autel de la très vieille chapelle je savais comme tu me voyais - et je prenais la lumière, et ta main, et ton coeur, j'emmenais tout avec moi dans les couloirs le soir comme des rêves que l'on traîne. tu connaissais ma douleur, celle qui vibre dans mes os, je ne pouvais rien te cacher, j'ai toujours cru que certains corps étaient du même bord, que certains corps se reconnaissaient de très loin, et c'est dans tes bras la nuit que j'allais pour pleurer, - plus seule encore à l'aurore je partais au matin. je ne veux pas qu'on m'aime. j'ai bien trop peur que l'on m'aime. être déçue encore, à la fin, être déçue d'amour, alors ça merci bien. je ne sais pas faire semblant. je suis dans l'extrême sang. la nuit me fait pleurer. quelques fois je ne sens rien. je n'ai besoin de personne. je vis pour les couleurs, pour le cadre du réel, la lumière, les bouquins, les enfants à porter dans des futurs lointains, rêvés, des langues et des pays imaginés. quelques fois je tombe amoureuse et puis je me relève très vite de l'illusion. qui donc saura venir me chercher tout au fond sous la peau ?

 

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