l'immédiate
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le travail 10.10.03 je sauve ma peau dans des chansons, des bouts de films, des choses qui parlent mon langage. tout me dégoûte un peu. je mange des fruits sans goût et sans odeur. c'est la solitude douce, la peur panique, les larmes amères, le temps heureux fini et l'enfance qui m'échappe. idiote. je ferme toutes les portes à clé. j'écoute en boucle les disques de Sheller. je relis Belle du Seigneur. je ne sais rien faire d'autre dans la tristesse. ce sont des choses connues, aimées, mélancoliques et très tendres, qui me bercent le coeur. ce sont des choses de l'évidence, entrées dans les rêves et la chair, les musiques où revivre son enfance, l'écriture-mélopée de l'amour absolu, mes repères. je me souviens des draps tirés sur la nuit et les larmes, à quinze ans, à vingt ans, pareillement, et toujours le refuge dans les livres, la musique, le cinéma, je disais : mon travail. mon travail c'est ça, c'est le langage, c'est la vie, c'est être partout où les mots sont, partout où rôde le rêve, c'est la seule chose qui importe vraiment, et puis qui d'un seul coup au milieu même de l'abattement fait de la tristesse un simple sujet d'étude ou bien un ornement.
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