l'immédiate
journal d'O.

 

 

le complexe d'antoine doinel

17.10.03

Céline est revenue de Lozère avec un ami de sa classe qu'elle devait déposer le soir à l'aéroport - à peine étaient-ils arrivés que ma grand-mère avait sorti le chocolat, la tarte aux pommes, les petits sablés et préparait le thé, P venait taquiner ma cousine pour savoir si elle ramenait là son fiancé, D s'arrêtait dire bonjour alors qu'il emmenait le cheval au grand pré, il montait du dehors les cris des tout petits qui jouaient et qui couraient au milieu du verger. je sortais du sommeil. quelle famille ! disait Céline, et elle clignait des yeux, s'inquiétait que Guillaume soudain parachuté dans le bastion familial ne nous prenne tous pour une bande d'illuminés, elle était fière, si fière en réalité - au téléphone mon oncle appelait de Bali, S passait prendre le café et montrer des photos, on parlait de Nicky revenue de Christchurch, la famille étendue. vous allez bien emmener un sandwich ? demandait ma grand-mère et Guillaume très poliment refusait - trop tard - les sandwiches déjà faits étaient adroitement glissés dans son sac, on ne sait jamais. en revenant de l'aéroport à la tombée de la nuit, Céline me demandait : dis donc, tu crois qu'on lui a fait peur ? je riais. je disais je ne sais pas, ce que je sais c'est que toi et moi souffrons d'une certaine forme du complexe d'Antoine Doinel (j'ai recommencé à traîner partout avec moi la biographie de Truffaut d'Antoine de Baecque et Serge Toubiana), quand on aime un type il faut absolument que l'on puisse aimer toute sa famille avec, c'est impossible vraiment de faire autrement, Doinel s'attache des familles qu'il n'a pas eues et nous on ne peut pas s'empêcher de vouloir toujours porter plus loin la famille étendue, on est embarrassantes peut être, un peu folles et têtues, mais c'est comme ça, il n'y a vraiment que ça, on ne pourra jamais supporter très longtemps un type qui ne s'entendrait pas avec ses parents.

 

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