l'immédiate
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tramway 20.10.03 Grenoble il y a longtemps j'ai le souvenir très exact des rues du centre ville où habitait mon arrière-grand-mère, son appartement tendre et chaud comme l'intérieur d'un oeuf, la séance de quatre heures pour les dessins animés dans un vieux cinéma où les sièges m'engouffraient, la neige à la sortie, le spectacle des montagnes, les cartes postales anciennes qu'achetait mon grand-père et les promenades en tramway qu'il m'emmenait toujours faire - on était un peu fous tous les deux et de la même folie, douce, heureuse, passionnée de ces trains où court la vie urbaine, on prenait le tramway parfois toute la journée, d'un bout à l'autre de la ville, sans ennui, sans arrêt, pour vivre et regarder. Grenoble ce matin se levait sous la pluie, j'avais le temps, j'ai fait mes quatre tours de tram bienheureux avant d'aller acheter des fleurs et déjeuner chez Mamy. il y avait des enfants appuyés aux fenêtres comme moi à mes huit ans, les cheveux emmêlés sur la route de l'école, je les regardais jouer et vivre dans la ville, et personne ne savait combien j'étais heureuse, combien sur les rails fins dans un sens et dans l'autre - un peu comme au cinéma j'aime l'image en mouvement - je retrouvais, sublimes dans la vitesse, les moments de l'enfance.
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