l'immédiate
journal d'O.

 

 

phosphorescence

25.10.03

je me suis promenée tout l'après-midi dans le vert pur, phosphorescent, du parc du château de P. on aurait dit que la lumière m'attendait là. partout dans les allées, les branches perlées des arbres déployées vers le ciel comme des lustres de cristal, la lumière était là et puis je la touchais, elle m'enveloppait, elle m'embrassait, je marchais sur l'eau verte des pelouses dans un voile fin et tendre qui s'allongeait sur moi, dépassant les forêts, les étangs, l'odeur forte des chevaux, revenant comme le vent avec la tendresse folle du bord des gouffres béants. le monde semblait plus beau du bord de la falaise. je buvais la froidure dans des poumons de verre. toute la douleur en moi descendait la roche rouge, roulant dans les cailloux, dévalant dans l'ivresse le corps de la montagne jusqu'à tomber d'un coup dans l'oubli gris et froid du fond de la rivière. je revenais en tanguant. il faisait une chaleur douce, prenante, dans l'orangerie vitrée où l'on rangeait les plantes avant les grandes gelées. un très vieux poste de radio à pile jouait un air de jazz. je dansais.

 

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