l'immédiate
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résilles-plage 07.09.03 montant le chemin vers la mer il y a d'abord le vent qui s'en vient dans les cheveux et puis mélange la peau au ciel, le désir au jusant, tous mes fous rires pieds nus au sable lourd et mouvant, la tendresse douce du soleil rouge, louvoyant. on court sur les grandes plages. on se jette à la dune. j'engouffre toute la mer et le vent. la vague me fouette à blanc. je rêve les noyades douces abandonnées aux algues, la langueur du courant, je rêve les bas-fonds bleus, le rugueux des rochers, la peau ballon fade renversée du ventre pâle des noyés. j'ai vingt ans, j'ai mille ans, je suis mon propre langage dans le fil du courant, je m'écorche aux pierres vives pour voir couler le sang, pour le goûter et rire, faire la folle et l'enfant, c'est merveilleux ce souffle qui m'emmène toute entière, avec les herbes, avec la mer, la voile tendue du temps, mon inconscience légère. je cherche des époques où je n'ai pas vécu, j'attends des hommes aux bras coulants, je veux ma mort violente la nuit dans des voitures qui filent, j'imagine des discours que je voudrais alors dérisoires ridicules et poignants, je vois ça comme un film ou un mauvais roman, la nuit drapée de noir et mes yeux vif-argent, qu'est-ce que ça peut bien faire si je ne sais rien du monde, si je ne vis qu'à l'avenant, qu'est-ce que ça peut bien faire vraiment, quand la mer immense m'appelle et puis Hélène s'en va libre loin et dansant en bas résilles vers le soleil.
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