l'immédiate
journal d'O.

 

 

l'échappée belle

06.09.03

corps marée. on est partis très vite sur les routes vers la mer. les noms de ville sur les grands panneaux blancs rappelaient des visages, des mains oubliées de longtemps, mon coeur dispersé à tout vent. je me sentais très douce et comme échappée belle. au bout de la route il y avait encore la route, bleue et folle et dansante avec ses robes qui brillent. j'ai aimé la couleur mélangée des vagues douces et du ciel, les mille bouches de la mer toutes sirènes du même chant. mes deux mains sur la pierre, l'eau vive en feu follet dans les gorges et les creux et puis dans la lune pâle les rochers soudain font le dos rond comme les grosses femmes profondes de niki de saint phalle. on surgit de l'amour comme d'une immense bataille, les bras battus, les yeux brûlés, les folles heures de vingt ans avec la mort très douce qui nous pousse sous le crâne, qui nous mange tout doucement. j'avance à l'aveuglette et la poitrine me brûle. il faudrait se jeter de très haut, goûter la chute, connaître l'impact, le corps noir des rochers. tout mon corps à la nuit m'emmène sur des bateaux échoués. je souris aux enfants, aux cerfs-volants moqueurs, la ville morte sans soleil. l'amour fou et la vie cognent fort à la falaise comme la mer à mon coeur.

 

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