l'immédiate
journal d'O.

 

 

cinéma

22.09.03

L était en retard - au téléphone je la menaçais en riant de donner son ticket au premier type venu si elle n'arrivait pas immédiatement : tout de même, rater le début de la règle du jeu, tu exagères vraiment ! - ah ça tu peux parler, s'exclamait-elle, c'est toi qui es toujours en retard partout ! - mais pas du tout, pas du tout, je ne suis jamais en retard au cinéma ! la tête me tournait de fatigue et de bonheur mêlés. je parlais sur la corde, je jouais, je jubilais, tout le temps devant l'écran j'avais envie de battre des mains comme une enfant, en sortant je lançais l'air de rien - oh, j'aimerais bien rencontrer un type brillant. L riait. elle me prenait les mains. on a marché dans le vent froid. les rues bruissaient de feuilles comme un tissu qu'on froisse. j'ai voulu prendre le métro plus loin, passer le pont, me pencher sur l'eau noire, nos pas claquaient sur les pavés, la façade pâle de notre-dame était un décor de papier mâché. je voulais tout garder des images. sous les arcades de fleurs de l'île de la cité les lumières étaient rouges, rêvées. j'ai touché sa joue dans l'ascenseur. je n'en connaîtrai jamais de plus douce.

 

avant - après
index - journal
ego -
archives -

© 1999-2005