l'immédiate
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O-fellinienne 09.04.04 tombée d'un film jusque dans le couloir encombré d'un grand appartement de Montmartre, peau blanche et infinie, robe corset, talons aiguilles pour danser, un verre de gin dans chaque main, je m'ennuie, je regarde les livres des autres dans les bibliothèques. il y a un chat qui a un nom de héros de roman russe - le seul héros de roman russe de la soirée - il y a des types esclaffés de rire pour un rien, des filles faussement ivres dans les canapés - je souris quand j'entends Cécile fermer le clapet des zouaves du cours Florent dans la salle d'à côté. L ma languide me serre la taille de toutes forces, quand je danse je ferme les yeux profonds, je vide de moi-même tout ce qui n'est pas la peau, le souffle, la musique - et alors tout va vite, très vite sur le parquet dans la portée de chaque pas, la précision de chaque geste, l'impulsion toujours nouvelle qui ramène et renvoie, en souplesse - c'est le corps qui s'écrit dans l'air et le regard, c'est le corps qui se prend tout entier au vertige, tendu loin pour l'allure, la force, le désir, jusqu'à ne plus se penser, se savoir, se connaître que de par lui seul - sang brûlant, peau immense, le coeur étonnament calme et que rien ne perturbe : être une sensation pure, et toucher sa prégnance.
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