le secret

18.04.04

je sens quelque chose, très fort, un sentiment étrange de bonheur dont je ne sais s'il est une ivresse de l'instant ou une prémonition, quelque chose qui me suit, qui se glisse dans mes pas, mes mots, ma peau à l'air brûlant, et puis qui me protège. c'est là le soir dans les rues vives, quand je marche dans la foule et que la foule m'emporte, c'est là dans les heures douces, à la bibliothèque une course poursuite avec mon ombre, le long de l'eau et des trains, en comètes, jusqu'au milieu de la nuit. j'attends sans impatience dans des parcs, des restaurants, j'avance dans la vie comme au bras d'un secret, avec joie. il y a des couleurs partout qui me caressent le coeur, la vitesse sur les routes et l'air chaud, aux fenêtres, la ville tendre et tranquille quand je descends le soir les poches pleines de bouquins pour un dernier café. il y a des silhouettes immenses aux réverbères, des bris de voix, des mains, un enthousiasme du monde qui me soulève doucement, quelqu'un qui m'accompagne sans rien dire, rien demander, quelqu'un dans les grandes ombres, les fleurs, la pluie ou les objets, et que je vais trouver.

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