l'immédiate
journal d'O. à Tokyo

 

 

l'autre visage

20.02.04

Roppongi au matin avait lavé ses rues de la foule en désir - c'était tout à nouveau un quartier chic et calme, bordé de petits cafés, une foule très japonaise que rien ne venait tacher - je les cherchais dans l'ombre, les corps bruns de la nuit, les musiques en canaille et qui faisaient mon lit, à quatre heures du matin dans la rue les jeunes slaves jupe fendue et qui regardent ailleurs, les grands noirs racoleurs qui rabattent vers les bars, un des leurs, guinéen, qui me protège des autres parce que je suis française, cet amour du français qu'il a, qui vient contrer ma honte de l'histoire coloniale, un pont à la nuit froide dans l'urgence et le stupre du quartier décadent - lorsque j'y repasse au matin, zigzaguant en vélo dans la foule bien réglée, tout cela ne semble plus appartenir qu'au rêve rouge de la nuit.

 

avant - après
index - journal
ego -
archives -

© 1999-2006