l'immédiate
journal d'O.

 

 

entre deux eaux.

05.01.04

entre deux eaux. je perds la mémoire, mes rubans, mes couleurs, en retournant d'un coup des vieux cailloux sur le chemin je trouve des rêves vifs et nouveaux, je m'abandonne. les trains loin au hasard m'emmènent le long d'autres grands rails, le shinkansen en va et vient d'un bout à l'autre de mes mains - un type jeune aux yeux noirs me regarde dessiner des kanjis maladroits sur la buée des fenêtres, il sourit. on dirait que tout change et cependant s'en cache. l'attente me consume comme un nouvel amour. j'emporte dans mon langage les expressions des autres, des vieillottes, des heureuses, d'autres plus fortes et plus belles, quelques tirades de films et un accent british qui fait rire aux éclats. j'habite dans ces eaux troubles qui précèdent les départs, qui les annoncent de loin sans y projeter pourtant, et je marche dans la ville sans même en voir les rues, et je croise des visages que je ne reconnais plus, il y a une tristesse qui se porte lourde au coeur, stagnante comme un marais et qui noie tous les rêves : combien de villes nouvelles, combien de langues d'ailleurs, combien de corps encore, de désirs, de couleurs, combien de temps et combien de hasards jusqu'à trouver un jour, peut être, la fin de toutes les fuites ?

 

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