l'immédiate
journal d'O.

 

 

la mer en soi

01.01.04

le soir dans la robe folle, profonde comme la rivière. j'avance comme une danseuse, très droite et les yeux fiers, je prends tous les baisers, les mains que l'on me donne, je les garde comme une louve au creux de mon bustier. mon coeur brûle et palpite, mon coeur explose sa cage, il me déchire la peau comme un jeune animal, tous les amours du monde sont là en filigrane, j'ai mille renards de Sparte cachés sous mes jupes noires. la musique et les rires m'emmènent dans leurs refrains, les regards et les bras jusqu'aux bougies du soir, et j'y passe la main, j'en mesure la morsure. tendrement monte en moi la mer des heures exquises, la jouissance lame de fond qui surgit loin au ventre, je la sens qui s'en vient coulant large sous la peau, qui me déborde soudain, la noyade la plus douce. c'est l'ivresse merveilleuse battant dans la poitrine, la volupté peau blanche d'être là dans la vie, la mer et tous ses rêves qui me voguent dans le sang, et je me fous du monde, je peux partir maintenant, il est noir et sans fond le gouffre de mon désir, il répond à l'oubli du plus loin de la nuit, quand le monde tout entier s'en vient rouler d'un coup à ma gorge renversée.

 

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