l'immédiate
journal d'O.

 

 

la ville neuve

07.12.03

au matin, petit matin tranquille, l'air glacé dans la gorge et qui coule comme liquide - il y aura au loin, venant à moi, prenant partout ma peau, m'avalant tout d'un coup - les buildings à tranches vives, les aciers, les miroirs, la foule au même visage et qui va du même pas, les voitures, les klaxons, les affiches à l'envers, de pub, de cinéma, les panneaux qui clignotent et qui donnent la cadence, un restaurant de nouilles d'où s'échappent des vapeurs, un parc à la peau verte et les doigts d'eau d'un lac, montant à la lumière comme un dragon puissant le métro qui surgit et engloutit son lot, repart loin dans le jour et la nuit mélangées, la musique et les cris, la mer soufflant ses chants et ses bateaux à baie, tout un monde de couleurs qui déferle comme une vague, la sortie de l'école, des boutiques, des bureaux, les petits bouddhas rondouillards qui guettent depuis les toits, les filles en cheveux longs enfantines et rieuses la main devant la bouche, la ronde immense superbe infernale et violente de la ville qui respire, son dos tout hérissé de pics et puis d'antennes, d'une fausse tour eiffel où viennent s'échouer les nuages, d'une gorgone de fer qui regarde ses petits, mon coeur jeté au hasard des ruelles, des regards, mon coeur qui ballotte et qui tangue et qui prend tout entier le pouls fou de la ville - Tokyo - ma ville neuve, ville nouvelle, dans un mois jour pour jour la rencontre, la passion, le dégoût ? oh, tes mains, tes mains tentaculaires qui m'attirent et m'effraient comme celles d'un fol amour.

 

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