l'immédiate
journal d'O. à Tokyo

 

 

les mains folles

18.01.04

allongés côte à côte sur le grand tatami, confiants et sans angoisse à la neige neuve qui tombe, un homme et son enfant dorment du même sommeil. je promène mon désir du flanc de la montagne au murmure des fontaines, avec le vent qui pousse comme une main dans le dos, une chanson de lou reed et l'eau laiteuse des bains, le corps d'oiseau du train qui me ramène en ville - à la sortie de la gare d'Ueno, cinq ou six heures du soir, il fait une nuit froide noire découpée en tétris par les rues, les lumières, les voitures comme des flammes sur l'expressway au loin - les taxis qui s'arrêtent et leurs portes automatiques sont le temps d'un moment un endroit chaud et calme où réfugier son coeur - ici et là aux carrefours, aux feux rouges, on voit des hommes en bras de chemise porter dans des bassins de grandes anguilles mouvantes et puis qui tournent en cage comme les mains folles du temps, on descend dans la ville comme au creux du volcan, sur des coulées de lave marquées des sceaux anciens, à la chaleur urbaine des foules sans épuisement, et quand je ferme enfin la porte de l'appartement je ne sais plus si la ville est en moi ou si c'est elle qui me rêve.

 

avant - après
index - journal
ego -
archives -

© 1999-2006