l'immédiate
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Shufu 26.01.04 c'est drôle, la vie des autres, ça se déplie comme les publicités pour les maisons d'été en bord de mer, un papier glacé de vie de couple qui attire le regard, l'envie, l'imagination et puis qui mord les doigts si l'on n'y prête pas garde. à Tokyo il y a toutes ces femmes étrangères, certaines mêmes de mon âge, qui vivent tant bien que mal dans cette ville sans fatigue et qu'elles n'ont pas choisie, qu'elles se doivent d'apprendre comme une résignation, parce qu'elles suivent leurs maris, et leur visage se tord un peu quand elles voient mon bonheur, mon repos, mon bien-être, mon intuitivité à cette ville qui, le croient-elles, ne les accepte pas. elles ont toutes à la bouche cette même question étrange, que je ne comprends même pas : mais enfin qu'est-ce que tu es venue faire au Japon ? c'est drôle cette façon de découper le monde comme des quartiers d'orange dont on presserait le jus - le voyage-rendement, il faut que ça produise - ça a été le Japon, ça aurait pu tout aussi bien être le Brésil, d'ailleurs tiens la prochaine fois ça sera sans doute le Brésil, des pays où vagabonder son coeur non pas pour y faire quelque chose mais parce qu'eux seuls vous font et vous construisent de très loin à l'intérieur, un peu comme un amour, la solitude en moins.
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