l'immédiate
journal d'O. à Tokyo

 

 

Tokyo est mon jardin

25.01.04

c'est avec le plus grand des plaisirs que je relis les albums de Frédéric Boilet - la finesse, la douceur, l'esthétique cinématographique impeccable d'un double amour - chaque scène de Tokyo est mon jardin vibre de mes propres découvertes, les illusions qui tombent, les désirs qui s'en vont très loin comme une aile sur la ville, ça sent le poisson non ? et les filles aux yeux vifs, les kanjis qui se tirent comme des cartes ou des rideaux de magicien sur l'autre visage d'une ville, le visage de la mémoire, le sens caché des choses, car Tokyo entièrement ne se donne qu'au-delà des chemins, au long apprentissage de ses signes, ses méandres, c'est une ville faite en strates, un savant assemblage mesuré, préparé, comme les étoffes des kimonos, chaque morceau sa couleur et chaque morceau son rôle, tout se lit par tracés dans la ville saturée, on trouve dans le nom des quartiers le souvenir des gens, des arbres et des rizières qui se porte comme une vague jusque dans les gratte-ciels, les constructions les plus insensées, tous les esprits anciens qui survivent dans des temples reconstruits d'après-guerre, et l'on va sans savoir en équilibre sur le fil même du monde, le futur et l'histoire qui se mêlent là sans heurt - les temples et les buildings, le kimono et la mini-jupe sans collants, les rues bouillantes de monde et les gens qui s'inclinent, doucement, naturellement, le calme et le respect qui traversent le temps.

 

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