l'immédiate
journal d'O.

 

 

à travers le coeur

07.06.04

à la gare de Bruxelles il y avait ce jeune type qui marchait dans le clac-clac de mes talons aiguilles, qui voulait tout savoir de ma vie et puis que je laissais m'accompagner jusqu'au quai, parce que sa douceur méritait le respect, il y avait aussi l'ingénieur anglais de New Delhi, qui m'avait glissé dans la main d'un geste très sûr l'adresse de son hôtel avenue de Wagram - c'est violent, souvent, d'avoir vingt-trois ans - mais que je préférais encore à l'insupportable couple parisien assis en face de moi dans le train, lui lisant le Figaro entre deux coups de fil, elle minaudant à voix haute, il y a de plus en plus d'étrangers à Bruxelles, non ? quand par la fenêtre passent la campagne défoncée, les villes sombres, les autoroutes, la beauté dure du Nord et des entrepôts abandonnés, toutes ces choses de la vie qui me traversent le coeur, les visages, les accents, les désirs, les couleurs, d'un château à un train et de par la terre souffrante, sans distinction, je suis tendre avec tous, amoureuse folle du monde, impitoyable seulement avec les cons.

 

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