l'immédiate
journal d'O.

 

 

sonatine

24.06.04

les jardins du palais dans la nuit. les grands arbres. les rosiers. l'eau sombre et végétale des bassins où vient se fondre la lune, glissée comme en secret sous la peau vive des nénuphars. un grand parfum d'humus et de terre fraîche montait de la forêt. c'était l'entracte. la foule était restée dans les lumières. il y avait comme un rond de voix et de corps mêlés sur les graviers. j'ai marché un moment dans l'herbe grasse, humide, à chaque pas je m'enfonçais dans la terre comme dans le sable de la mer, le souvenir lointain des immenses plages du rêve, quand toute la terre s'en va, laisse le corps dans l'eau grise, à des miles de tout, loin des landes de brume froide, au seul fil de l'eau et de la carcasse évanescente des falaises, une frontière dans les nuages, qui s'efface d'elle-même à la vague qui la lime, la détache du cadre, du réel - tu viens ? la jeune Marie m'attendait sur le bord dans son petit caracot de soie rose. je voyais les lumières. je voyais les visages. le grand piano à queue brillant steinway and sons. j'ai dit : - oui. je ne sais pas où mon coeur s'échappe. elle souriait : - dans des mots, des images. - ça doit être ça. j'ai posé mon grand châle noir sur ses épaules, et le piano a repris son immense mélopée dans la beauté du soir.

 

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