l'immédiate
journal d'O. à Tokyo

 

 

l'éparpillement

06.05.04

réfugiée de la nuit dans un fauteuil en velours, café noir, chocolate mousse, il y a un type qui me parle de Sôseki, de l'automne à Kyoto et de la bossa nova japonaise, il me raconte que sa mère est mexicaine, son père allemand, qu'il a grandi en France, étudié aux Etats-Unis, qu'il est passionné par le Japon et qu'il travaille en Suisse, moi bien sûr il m'en faut peu, ça me distrait infiniment, je me dis que je pourrais tomber amoureuse d'un type comme ça - tout de suite les grands mots - j'ai cette fascination pure et très adolescente des gens qui savent se disperser au quatre coins du monde, s'éparpiller aux langues, aux couleurs, aux idées, qui ne se formalisent de rien, je m'imagine toujours des types d'une assurance folle, désinvoltes et sublimes, Corto Maltese, Rimbaud, Byron ou Laurence d'Arabie, je délire complètement - bref, quand il me demande avec une toute petite voix si je suis libre pour déjeuner demain, une voix si peu confiante soudain dans la bouche d'un type si puissamment tranquille ça me bouleverse, je dis oui, oui, oui, bien sûr.

 

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